Alors c’est ça « perdre connaissance » ? Ben ça ressemble vachement à « tomber dans les pommes »… « ** !#* !$ !!* d’araignée ! » Les idées s’embrument, les yeux se ferment, la fièvre monte…
La tête est loooourde, De moins en moins de force, …. Zzzzzzzzz
« … »
« … »
« … »
Qu’elles sont belles les steppes de mon pays… Rien à l’horizon, pas de montagne, pas de cité. Que le ciel et la terre.
Ce froid qui vous brûle… Les oreilles, le nez, les doigts, tout devient insensible.
Quel plaisir d’affronter ces tempêtes de neige, emmitouflé dans ces fourrures douces et moelleuses à souhait.
Quelle jouissance quand votre lance s’enfonce dans les entrailles de votre ennemi. Quelle honte lorsque vous perdez un combat contre un adversaire qui oublie de vous achever.
Oui, la vie est dure chez les Vos. Les bêtes sauvages sont féroces, les hommes encore plus.
Pas de plainte, pas d’excuse, pas de remord… Nous autres, les Vos, ne sommes pas comme les autres humains, nous ne cherchons pas à leur ressembler.
Seuls les couards et les faibles sont civilisés. Chez nous, les plus forts et les plus courageux sont les seuls respectés. Rien ne sert de vivre si on n’est pas le meilleur, si on ne nous craint pas. Le Faible meurt, le Fort survit, il n’y a pas d’autre alternative. La sélection se fait naturellement, c’est ainsi.
Certains, chez nous, remettent en cause ces valeurs, ces traditions, cet Art de vivre. Qu’ils soient maudits. Il faut que les générations futures persistent dans la voie de nos ancêtres. Que Kriesha leur apporte clairvoyance dans cette quête.
J’ai seize ans. Je sais que je ne vivrai pas beaucoup plus vieux que mon père, tué à vingt-cinq ans. Comme lui, j’espère que je pourrai rejoindre l’au-delà en toute simplicité mais avec fierté et honneur, abattu par un adversaire plus fort que moi. Qu’aucun honteux souvenir ne vienne entacher mon passage dans le royaume des morts.
J’ai suivi mon instinct en joignant cette troupe de mercenaires. Les aventures que je vis actuellement sont une épreuve bienvenue pour ma vie. C’est une opportunité à saisir. Tout le reste n’est que signes du Destin : mon errance, cette ville « Le Chaudron », ces rencontres…
Je relèverai ce défi, en Brechtür. Je serai digne de mon Peuple, je porterai haut les préceptes de ma Déesse adorée.
La violence dont je fais usage n’est jamais injuste. Elle est pure et en parfaite harmonie avec la ligne de conduite des Vos. Je serai fidèle à Kriesha et à mes amis.
Je sais qu’ils ne me comprendront pas toujours, qu’ils critiqueront mes actes de « barbare » un jour ou l’autre. Je ne pourrai leur en vouloir car en défendant leurs principes, ils me feront honneur. Pas d’ami sans conflit, pas d’amitié sans divergence. C’est par là que notre groupe se soudera à jamais.
Chers compagnons, je ne sais si le poison qui remplit mes veines prendra mon âme ou non. Je ne sais si je parviendrai à survivre à cette épreuve mais par cette faiblesse, je vous ai trahi. J’ai fauté. Je ne demande pas votre pardon, je ne le mérite pas.
ô Kriesha, Déesse toute puissante !
Si mes amis devaient courir à leur perte par mon absence, je t’en conjure, emporte à jamais mon âme corrompue par la faiblesse de mon corps. Je ne pourrais vivre avec l’idée de cet échec.
Si je recouvre mes facultés, je t’en conjure, apporte moi l’énergie pour racheter ma faute et retrouver mon honneur de guerrier Vos en servant mes amis.
Dire que si je ne m’étais pas enivré ce soir-là, je n’aurais pas fait leur connaissance, je serais resté ce misérable Vos égaré, en pays Brecht, rejeté par tout le monde.
Le Destin m’a mis sur leur route et il me met à l’épreuve.
Il faut que je tienne bon, il faut que je m’en sorte, ça ne peut pas se terminer comme ça.
Bon sang ! Par toutes les tempêtes du Vosgard, une araignée de trois livres se permettrait de faire mordre la poussière à un Vos ! Où a-t-on vu ça !
Debout Vassili ! Debout ! Cette douleur dans ton crâne, oublie-la ! Cet engourdissement dans tes jambes, ignore-le !
Un peu de nerfs ! Que dirait Piotr s’il te voyait, gisant ainsi, comme une femme battue par son mari ! Tu ne peux abandonner, bats-toi !
Raaaaah ! Et cette odeur ? Qu’est-ce donc ? L’odeur de la mort ? L’odeur de la Peur ?
Ah non, je la reconnais… C’est l’odeur de mon vomi…
« Till ! Mon ami Till ! Me voilà revenu parmi vous ! Mais c’est quoi ce lit de lopette ? Pourquoi suis-je allongé sur ce lit minuscule ! Ma lance ! Où est ma lance ! Ah ben là, ça y est, j’suis en colère ! ça va saigner, le premier ennemi qui se présente, je le fends en deux ! »
« Jusque là, z’ont connu que le Vassili gentil, le Vassili diplomate… Maintenant, ils vont goûter au Vassili des steppes, fils de Petrov, au Vassili sauvage, le prédateur ! »
Debout Till ! On y retourne ! »