Charmante compagnie, veuillez prêter l’oreille
À l’histoire d’un hobbit à nul autre pareil.
Il naquit en été lors dune nuit dorage.
Il faisait la gaieté de son petit village.
Son père était un sage, ainsi qu’un bon brasseur.
Mais il avait grand âge, voyait venir son heure.
Ce fils inespéré, quand viendrait la Faucheuse,
Pourrait lui succéder dune façon heureuse.
Mais il était toujours, ce jeune chenapan,
En quête d’un bon tour à jouer aux paysans.
Produire de la bière ne l’intéressait pas.
Un jour, disait sa mère, cet enfant sen ira
L’enfant avait grandi et rêvait de voyages.
Dans ce petit pays, il se sentait en cage.
Mais il advint qu’un jour, chantant de gais refrains,
Un elfe troubadour arriva du lointain.
Finrul était son nom, barde était son métier.
Il savait des chansons qui pouvaient enchanter.
Rassemblant ses affaires, le jeune sans un doute
Poursuivit le trouvère lorsqu’il reprit la route.
Pourtant le baladin ne voulait point de lui.
Pourquoi sur le chemin s’encombrer d’un hobbit ?
Ils sont d’esprit étroit et ont peu de courage,
Ne sont pas faits, ma foi, pour de trop longs voyages.
Le hobbit insistait et le barde attendri
Finit par accepter ce nouvel apprenti.
Le jeune chantait bien, il faut le reconnaître,
Mais il ne valait rien avec une vielle de maître.
Pendant toute une année, croisant moult contrées,
Il apprit à jouer, découvrant les secrets
Dune étrange magie venue du fond des âges
Où chants et fourberies font assez bon ménage.
Cette heureuse harmonie devait un jour cesser :
Dix gobelins trop hardis voulurent les rançonner.
Talonnant sa monture, le barde plein de rage,
Parmi les créatures, fit un joyeux carnage.
Et d’estoc et de taille, le vaillant ménestrel
Frappait cette racaille, leur taillait des bretelles
Leur chantait son mépris, étalait leur cervelle,
Tandis que le hobbit leur filait des coups d’vielle.
Le gobelin est aussi, selon le vieil adage,
Doté de fourberie plutôt que de courage,
Finrul sen retournait qu’un archer sans honneur
Lui envoya un trait au beau milieu du coeur.
Dans les bras du hobbit, le trouvère expira,
Et en perdant la vie, son luth il lui légua,
Lui confiant la mission joyeuse et magnifique
Qu’en toutes les saisons il joue de sa musique.
Pleurant l’elfe défunt, cherchant à le venger,
Traquant son assassin sans se décourager,
Le hobbit en colère poursuivit la crapule
A travers les fougères jusqu’à ce qu’il l’embroche.
Si l’histoire vous a plu, honorable assemblée,
Mais que vous n’avez plus un seul mark ou denier,
Honorez pour longtemps, du barde la mémoire
A qui je dois céans l’ensemble de mon art.
Till Wickerschwihr
(À chanter sur l’air du « Petit âne Gris » de Hugues Aufray)
Article de François.