– Par Saint Frusquin ! Que fait un fantôme en ce lieu consacré !
– Mais non ! Laissez-moi vous expl…
– Tremble, créature d’outre-tombe. Les pouvoirs que me confèrent mon dieu vont te réexpédier dans l’au-delà ! (Par Sainte Nyttusch ! Un spectre de barde hobbit : comme c’est singulier…)
– C’est inutile, vénérable prêtre, je suis…
– Tu es puissante en effet, créature non-morte, bien que ton aspect soit ridicule. J’étais le meilleur renvoyeur de morts-vivants au séminaire, mais mes pouvoirs restent sans effet sur toi.
– Je me tue à vous dire que je suis vivant ! Arrêtez de m’asperger avec l’eau de ce bénitier ! Vous êtes le 4ème temple que je visite et je vais finir par attraper une pharyngite. Déjà qu’un barde à moitié invisible, ça l’fait pas, mais si en plus je perds ma voix, j’ai plus qu’à aller pointer aux aventuriers déchus !
– Mais que t’arrive-t-il, petit être ? On voit à travers toi comme par les vitraux de ma sacristie !…
– C’est précisément la raison de ma visite, saint homme. J’ai l’espoir que je trouverai en ces lieux assez de connaissances et de sagesse pour apporter un remède au mal qui me touche. Je crois que ça s’appelle la « Volatilisation »…
– La Volatilisation ?…
– Oui. En nain, on appelle ça le « vanishing ».
– Le vanishing ? En nain ? Mais que diantre viennent faire les nains dans cette affaire ?…
– Voyez-vous, c’est dans l’ancienne forteresse naine de Jzadirune que j’ai attrapé cette maladie.
– Jzadirune ?…
– Oui, elle se situe sous la ville, dans les galeries.
– Jamais entendu parler !
– C’est normal ! Leurs habitants ont tous disparu.
– Pourquoi ça ?…
– A cause de la Volatilisation ! Dites, vous avez combien en intelligence ?
– …
– Laissez tomber ! Bref, à cause de cette pierre, je me suis rendu compte ce matin que…
– Quelle pierre ?
– La pierre ioun !… Celle qui me permet de ne plus avoir besoin de manger. Je l’ai ramassée dans Jzadirune et cette maudite pierre m’a fait contracter le Volatilisation. Si je ne fais rien, les auditeurs de mes récitals n’auront bientôt plus que le son, et pas l’image !
– C’est embêtant !
– Assurément ! Comment vais-je pouvoir assurer ma pitance ?
– Je pensais que votre pierre vous évitait d’avoir à vous nourrir…
– Parce que vous croyez que j’allais continuer à utiliser ce porte-poisse, au risque d’aggraver mon cas ? Non non ! Elle reste au fond de ma poche : je ne suis pas sûr qu’elle y soit inoffensive d’ailleurs ! Enfin, bref ! Pouvez-vous m’aider, saint homme ?
– Précisément ! Mon beau-frère travaille dans une guilde de voleurs et je pense qu’il serait ravi de bénéficier de tels pouvoirs. Peut-être serait-il ravi de vous engager ?… Ou du moins de vous racheter cette pierre à un bon prix…
– Vous déraisonnez, prêtre ! Je suis né pour chanter et jouer de la vielle. J’en ai fait serment à mon maître l’elfe Finrul. Je vous demandais si vous pouviez me soigner !…
– Ah ! Euh…
– Bon, ça suffit ! Présentez-moi à votre supérieur.
– Mais je suis le supérieur…
– (soupir) Très vénérable prêtre, auriez-vous l’obligeance de m’indiquer les autres temples de ce quartier ?… et de me préciser ceux où on trouve des bénitiers, afin que je prépare ma cape de pluie !
Article de François (Till)